Celle que l’histoire considère comme l’une des quatre plus grandes voix du 20e siècle aux côtés de Billie Holiday, Sarah Vaughan et Ella Fitzgerald avait un rêve : être pianiste. « La première concertiste classique noire en Amérique » aurait pu être Nina Simone. Malgré des aptitudes certaines, le rêve de Nina ne sera jamais exaucé et on lui refusera son entrée au Curtis Institute, le prestigieux institut musical de Philadelphie, car elle était noire. La musicienne ne lâchera jamais son piano qui accompagnera sa voix pour toujours associée à la lutte contre le racisme.
La pratique musicale de Nina Simone ne saurait être détachée de son combat pour la défense des droits civiques. Sa colère contre un monde qui la rejette et qui rejette son peuple est un moteur créatif essentiel.La musique sera son arme, à défaut d’aller combattre avec les mains. Proche de Martin Luther King, elle lui reprochera son pacifisme affirmant que la non-violence a ses limites. Elle se rapprochera du mouvement des Black Panthers et s’exprime sans censure : « Le Ku Klux Klan n’est pas non-violent, la police n’est pas non-violente, pas plus que le Gouvernement quand il se sent menacé. Alors, pourquoi le serions-nous ? »
Comment raconter celle qui a inspiré par sa voix, son engagement et sa force de caractère, des générations d’hommes et de femmes et ce jusqu’à aujourd’hui.
Comment parler de Nina Simone sans avoir l’impression de trahir toute la complexité, la fragilité et la force du personnage.
Nina Simone, on ne la raconte pas, on l’écoute.
Vanessa Horowitz